Parfois une lecture cache une autre. En relisant la remarque de Brussig sur la "langue libérée" je me rappelais d'un auteur qui est carrément hanté par le travail sur et dans la langue : Georges-Arthur Goldschmidt, Allemand de naissance, Français d'abord par contrainte, puis par choix. Ce "poing dans la bouche" est bien l'équivalent du marteau nitzchéen, par ailleurs "Ainsi parlait Zarathrustra" fut pour Goldschmidt le début de sa reconquête de l'allemand confisqué par les nazis. Mais c'est Kafka à qui le livre doit son titre et qui en occupe une grande partie. D'après Goldschmidt il n'y a pas entrée plus poignante que la première phrase du Procès (retraduit récemment par l'auteur) :
"JEMAND MUSSTE Josef K. verleumdet haben, denn ohne dass er etwas Böses getan hatte, wurde er eines Morgens verhaftet."
Avant de dire :
Josef K., c'était moi. Il se situait à ma façon dans l'espace, son regard était le mien, nul personnage, jamais, ne se plaça à ce point en moi, en mon centre d'existence et les Fragments m'y ramenaient toujours. "J'étais sans défense face à la figure, elle était tranquillement assise à la table et en regardait le plateau ; j'en faisais le tour et me sentais étranglé par elle. Un troisième tournait autour de moi et croyait que je l'étranglais. Un quatrième tournait autour du troisième et se enetait étrnaglé par lui. Et ainsi de suite jusqu'au mouvement des étoile et par-delà. Toute chose sent la prise lui serrer le cou." Cet étranglement trouve son issue de ne pas en avoir. Je savais désormais où j'en étais, l'horizon intérieur avait désormais trouvé son cercle. Kafka en avait établi la géographie interne et tracé le champ. (Le poing dans la bouche)