Pas le livre célèbre de Diderot mais une émission longuement attendue cette semaine avec Jacques Rancière, supposé d'analyser le désordre politique après le vote français (et néerlandais) contre le traité constitutionnel.
D'abord : déception, pas mal de bavardage, proche d'un bruit de fond, mais ensuite, comme s'il avait eu besoin de temps pour arriver à sa forme normale, le fond de la discussion devient plus exigeant. Sa stratégie devant un journaliste qui veut constamment revenir sur des questions concrètes et simples (la tâche pédagogique de la radio) devient plus claire : ne pas se laisser entraîner au niveau imposé par le medium (radio).
Mais les idées intéressantes sont quand même exprimées à la fin, "le peuple" comme forme (container) remplie par l'observateur et son point de vue. Finalement il n'y a pas de manque d'explication (Rancière reste fidèle à Jacotot) comme on peut l'entendre souvent : pas notre politique est mauvaise, on n'a simplement pas réussi à bien l'expliquer. Les consommateurs d'informations ne comprennent pas mieux ou pire que les grands explicateurs, ils comprennent ce qu'ils ont envie de comprendre. L'intérêt pour allumer ou éteindre la radio ou la télévision ne dépend pas de la charge édicative mais de la confirmation qu'on peut y trouver, confirmation le plus souvent d'un avis plus ou moins forgé. D'où l'insistence sur le consensus bien que le conflit domine les informations.
En d'autres mots : il est facile de trouver du monde pour dénoncer l'ultralibéralisme, mais bien moins de trouver quelqu'un qui pose la question du rapport entre la politique et le capitalisme et qui essaie de suivre et de définir son évolution.